SAUVE QUI PE ! Stylo rouge, manuel orange… colère toujours noire

Publié le 24 février 2019 par Éléanore

Marche à suivre
Alors ce serait donc ça ! Il suffirait de crier très fort pour obtenir ce qui nous manque… En tout cas, pour les policiers, ça a fonctionné. Menacer de ne plus maintenir l’ordre et hop, du jour au lendemain, une prime mensuelle ! Moi, je pourrais arrêter d’apprendre à lire à mes élèves ou faire la grève de la soustraction. J’aurais l’adhésion temporaire de certains enfants mais les parents et ma hiérarchie sur le dos ! « Même pas peur », c’est ce qu’ils se disent, là-haut. Ils savent bien que la plupart d’entre nous sommes tellement attachés à notre métier qu’une baisse significative de notre salaire ne nous empêcherait pas de continuer à pointer dans nos écoles ! Mais faudrait quand même pas pousser…

Le système, c’est plus fort que toi !
Oui, et en même temps, ça fait déjà plusieurs années qu’à coups d’augmentation de la CSG ou de gel du point d’indice, régulièrement chacun se retrouve à la case départ, trois ans après les changements d’échelon. Tout juste le temps de l’apprécier, l’augmentation, qu’on nous la reprend de l’autre main. Mais les échelons sont maintenant de l’histoire ancienne, ils font partie de la déco. Les aguerris du 10e échelon en sont désormais réduits à implorer leur supérieur hiérarchique de bien vouloir les inspecter une ultime fois afin d’espérer accéder plus rapidement à la hors-classe qu’on leur fait miroiter depuis le 7e. « Allez, siouplait, rien qu’un tout petit créneau pour constater mes imperfections. »

L’investissement d’une vocation
Ce qui est sûr, c’est qu’on n’est pas entré dans ce métier pour faire fortune ! Le prélèvement à la source y était déjà en vigueur depuis longtemps avec l’achat obligatoire d’un ordinateur pour la communication avec la hiérarchie, la formation continue de Magister, la saisie des LSU. Ah oui, c’est vrai, on peut toujours se contenter du seul PC survivant offert par l’entreprise du père de Lucas, qui renouvelait son parc informatique, elle. Version XP, forcément, histoire de participer à la lutte contre l’obsolescence programmée… Les manuels, les fournitures, les cartables ? Tout est pour notre pomme sans la possibilité d’une déclaration fiscale aux frais réels pour cause d’école trop peu éloignée du domicile. Et tous ces jeux achetés en brocante, « pour faire des économies sur notre budget de classe » ? Sans ticket de caisse, impossible de les voir remboursés par la coopérative scolaire. Ah, j’oubliais les cartouches d’encre couleur de notre imprimante parce que la mairie refuse d’activer l’option couleur du photocopieur de l’école. Normal, cela grèverait significativement le budget « Impression photos » du journal de la ville. Tellement plus important de revoir les élus se baffrer de galette que d’aider Samia à faire la différence entre les syllabes avec la version couleur. C’est ta petite contribution à toi, Samia, future citoyenne… qui pourrait bien en arranger plus d’un, quand, électrice, tu ne saisiras pas complètement les nuances de leurs professions de foi. Professeur des écoles : le seul métier où l’on doit sacrifier une partie de son revenu pour tenter de le mener à bien. Au final, un métier toujours attractif… à savoir pour qui ?

Partagez cet article