
Alors que le plan « Reconquête de l'écrit » annoncé par François Bayrou attend des précisions de la part de la ministre de l'Éducation Élisabeth Borne, l'IGÉSR* s'est penchée sur ce qui était fait actuellement dans le premier degré.
En maternelle, elle rencontre « des difficultés à recueillir des informations précises sur les temps consacrés à l’apprentissage progressif de l’écriture ». Le rapport permet toutefois de faire le point sur les enseignements de l'écriture actuels.
Une matière « difficile à enseigner »
La production de textes de 20 lignes au moins est attendue à l'entrée en 6e par le ministère, mais ce domaine est l'un des plus difficiles à enseigner pour les professeurs.Selon une note de la Depp d'avril 2024, 75 % des PE considèrent en effet que la production de textes écrits est difficile, mais seulement 42 % y dédient un temps important.
Pour autant, les enseignants réagissent face à ces difficultés, et sont 56 % à avoir participé à des activités de formation continue sur la période de 2015 à 2020.
Une pratique insuffisante
En maternelle, l'IGÉSR recommande aux enseignants d'organiser un espace explicitement dédié à l'écriture dans la salle, et ce, dès la MS. « Dans la moitié des classes observées, il n’y a pas d’espace dédié aux activités graphiques et/ou d’écriture », remarque l'inspection. Souvent, cet espace est à associer à un coin lecture, avec une mise en valeur d'albums. De façon générale, les supports de travail et les outils pour écrire sont « encore trop peu personnalisés ».
Le temps d'accueil peut être mis à profit pour entraîner les élèves à améliorer leur geste graphique, selon le rapport. Par exemple, l'élève peut réaliser un exercice de copie d'une courte phrase et de son prénom en capitales, un autre peut écrire la date (jour et quantième), et un groupe qui réalise des dessins peut aussi s'entraîner à rédiger son prénom, ceux de ses parents, frères et sœurs, etc.
Pendant ce temps, l'enseignant.e prend en charge un autre groupe d'élèves et les guide pour retrouver des lettres, les nommer, les comparer.
Selon la mission, « les observations de classe témoignent d’une inégale efficacité des séances d’enseignement ». Les séances sont efficaces si l'enseignant suit précisément ses élèves, qu'il adopte un langage modélisant avec des liaisons, négations et intonations adaptées. Un enseignement explicite, avec des enjeux connus et compris, aident également à rendre les séances efficaces.
Au contraire, si les connaissances de l'enseignant sont lacunaires, que la séance n'est pas adaptée aux objectifs visés, que des erreurs d'orthographe subsistent dans les textes dictés ou qu'il reprend les propos inadaptés des enfants, alors les enseignements sont insuffisants.
Contrôler le temps
En CE2, selon le rapport de l'IGÉSR, les emplois du temps « ne font pas, en général, apparaître spécifiquement les différents types d’exercices proposés aux élèves dans le champ de l’écriture ou de la production d’écrits, à l’exception des plages dédiées à la dictée qui sont le plus souvent repérées ».
Les exercices diffèrent d'une classe à l'autre, certains enseignants réalisent une dictée quotidienne (41 % des classes), d'autres ne le font qu'une seule fois par semaine (20 %).
Au CM, l'IGÉSR alerte sur le fait que « le temps consacré à la production écrite est limité à une dizaine de minutes par jour en moyenne, c’est-à-dire une durée très en deçà de ce qui est souhaitable pour une bonne préparation à l’entrée en sixième »
De façon générale, il est difficile pour les enseignants d'organiser les temps d'apprentissage ou de consacrer suffisamment de temps à l'écriture, alors que les attentes du ministère envers leurs élèves ne cessent de croître.
*Inspection générale de l'Éducation, du Sport et de la Recherche