Portrait d'instit' : Valérie, une contractuelle heureuse

Soumis par Florent le 18 janvier 2019
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Après une 1ère carrière professionnelle dans l'édition, le professorat des écoles a été une véritable révélation pour Valérie. Une nouvelle enseignante enthousiate, qui souligne à quel point l'accueil et l'accompagnement par les pairs a été une condition fondamentale pour vivre pleinement l'entrée dans le métier...

Pouvez vous nous expliquer en quoi consistent les entretiens pour exercer en tant que contractuel ?
A Paris (début 2014), j'ai été reçue en entretien de recrutement au rectorat  (un peu plus d'un mois après l'envoi de mon CV), entretien au cours duquel nous avons essentiellement échangé autour de mon parcours professionnel et universitaire, mes motivations, ma conception de l'enseignement... Au Rectorat de Bobigny (juin 2016), je suis passée devant une commission de recrutement composée de mémoire d'une inspectrice et d'une responsable RH au Rectorat. Durant l'entretien, j'ai eu à me présenter et exposer  mon parcours en un temps donné, suivi d'un échange. J'ai essentiellement évoqué mon retour d'expérience comme contractuelle sur Paris. Je me suis retirée un moment, la commission a délibéré et a donné son feu vert. 
Avez vous eu d'autres classes que des classes de maternelle ? 
Au cours de mes deux années à Paris, je n'ai été affectée qu'en cycle 1. A l'époque, je me  considérais comme une enseignante de maternelle, l'élémentaire ne m'intéressait aucunement. C'est en Seine-Saint-Denis que j'ai découvert l’enseignement en  élémentaire : de septembre à janvier, j'ai assuré de nombreux remplacements en élémentaire (d'un jour à une semaine), puis un long remplacement  de janvier en juillet.
Comment avez vous réussi à vous adapter aux différents niveaux de classe sans formation universitaire particulière ?
La transition entre maternelle et élémentaire a été difficile.  J'ai eu  l'impression qu'il s'agit de deux métiers et deux  univers bien différents.  Courant septembre (dans le 93), j'avais été envoyée en observation deux jours dans une école élémentaire dans l'attente d'un  remplacement. Le lundi, je me suis retrouvée dans un classe de Ce1. Le choc ! Je ne retrouvais plus la même ambiance, voire le "maternage" des enseignantes de maternelle que j'avais pu connaitre, pas de coins jeux, les enfants me paraissaient  prisonniers de leur table, les séances me semblaient très denses. Je suis rentrée chez moi et j'ai pleuré:  "Je ne pourrais jamais enseigner en élémentaire !".   Ce n'est qu'au bout de deux  mois de courts remplacements en élémentaire  que  j'y ai pris goût, et maintenant je ne sais pas si je pourrais retourner facilement en cycle 1 ! Je me sens 100% enseignante d'élémentaire...
2ème arrondissement, Seine Saint Denis..., que retirez vous de ces expériences variées ?
Il est vrai qu'a priori cela ressemble à un grand écart,  mais pas tant que ça. Dans les écoles où j'ai été affectée, j'ai régulièrement constaté une grande implication des parents dans les apprentissages de leurs enfants, tant le 2ème arrondissement de Paris qu'en Seine-Saint-Denis. 
Plus en détail, j'ai vécu deux expériences fondamentales en tant qu'enseignante contractuelle. 
Tout d'abord à Paris lors de ma toute première mission, un remplacement à mi-temps  dans une classe de grande section pour quatre mois. Je suis entrée dans le bureau de la Directrice et lui ai annoncé la couleur: "Je n'ai jamais enseigné...". Elle m'a répondu: "Ne t'inquiètes pas, ça va le faire, nous allons t'aider". Le système à Paris (du moins celui que j'ai connu et dont j'ai bénéficié à l'époque) était bien conçu: pendant les trois ou quatre premières semaines, je suis restée en observation deux jours et demi par semaine dans la classe de l'enseignante de grande section dont je complétais le mi-temps, et j'étais en poste dans sa classe  l'autre moitié de la semaine. Mais  surtout, je partageais ce poste avec une enseignante particulièrement chevronnée, très modélisante pour la débutante que j'étais, bienveillante à mon  égard, prenant le temps de m'expliquer, me laissant au début ses fiches d'activités déjà préparées. Cela m'a laissé le temps d'absorber un maximum d'informations, de prendre des notes, m'imprégner du rythme des séances, d'écouter ses échanges avec les parents.   Ce temps a été extrêmement formateur pour moi. Ce n'est qu'à la fin du mois donc  qu'un second mi-temps m'a été attribué dans une classe de petite section dans le 19ème arrondissement de Paris.
Je reste persuadée que  les excellentes conditions qui m'ont été offertes - tant par le Rectorat de Paris que par les enseignantes de ma toute ma premières école - pour accomplir ce premier remplacement  ont conditionné fondamentalement tout le reste de ma carrière. Et je reste  très reconnaissante à leur égard. J'ai connu à l'Espe des PES qui avaient eu beaucoup moins de chance que moi pour leur première affectation, ce qui avait pour certains d'entre eux entamé leur motivation initiale.
Ma seconde expérience fondamentale a été le remplacement de six mois dans une classe de CP de l'Ile-Saint-Denis. Certes, le territoire connait des difficultés, mais les bonnes volontés et l'engagement sont là. J'ai pu intégrer une équipe enseignantes soudée, active,  très engagée dans la réussite des élèves et pour tisser du lien avec les familles. J'ai été portée par une dynamique collective et ai beaucoup appris sur ce qu'on pouvait faire en équipe, au-delà des murs de sa classe. Par ailleurs, mon école bénéficiant du dispositif Plus de maîtres que de classes,  l'enseignante supplémentaire était présente dans ma classe tous les jours. Autant dire que, outre le bénéfice direct  pour les élèves, ce fut incidemment particulièrement  enrichissant pour moi, de part nos échanges fréquents, nos regards croisés sur les mêmes élèves, les actions à mettre en place.  Quitter cette école fut un arrachement. Mais j'avais passé et réussi le concours dans l'Académie de Versailles...
Vous parlez des conseillers pédagogiques : quel accompagnement ont-ils pu vous proposer ?
J'ai été accompagnée tant à Paris qu'en Seine-Saint-Denis par des conseillers pédagogiques. Entre autres, dans le deuxième arrondissement, j'ai reçu la visite d'une conseillère pédagogique à deux reprises en quatre mois. Elle m'a encouragée; j'ai gagné en assurance et confiance en moi.  En Seine-Saint-Denis, pas de visite en classe en ce qui me concerne, mais une formation continue en groupe tout au long de l'année dès la fin août, formation  que j'ai trouvée solide  et bien conçue (théorique et pragmatique à la fois, par des inspecteurs, conseillers pédagogiques et maîtres formateurs).  De plus, les intervenants étaient très disponibles en dehors de la formation et à l'écoute, répondant à nos interrogations les plus variées, conception des séquences ou gestion de classe. Un temps d'accompagnement à la préparation du concours  était également assuré. Nous avons même eu l'opportunité d'assister à une conférence de Catherine Gueguen, j'étais ravie! J'avais dévoré son  livre "Pour une enfance heureuse" que j'avais lu la première année où j'avais enseigné.

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