Portrait d’instit’ : Maximilien, un T1 en SEGPA

Soumis par Florent le 20 mars 2020
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Propulsé par surprise en classe de SEGPA, Maximilien, jeune enseignant, y a finalement trouvé son compte, non sans avoir traversé quelques épreuves. Récit d’une orientation involontaire, et pourtant couronnée de réussite…

Comment vous êtes-vous retrouvé en SEGPA ?
C’est le mouvement qui m'a embarqué en SEGPA, le 30 août, à la veille de la pré-rentrée, par un mail des syndicats m'indiquant que je ferai les décharges de directions de 2 SEGPA voisines. Donc double choc, un poste fractionné et un poste en SEGPA ! Ma première réaction a été la volonté de démissionner mais ma famille m'en a dissuadé et j'ai réussi à me reprendre car le challenge était énorme ! J'ai peu dormi pendant quelques jours avant la rentrée et ça a été compliqué.

Connaissiez-vous le monde de la SEGPA à cette époque ?
A l'époque je ne connaissais pas la SEGPA. A l'Espe, on avait eu juste 2h de cours sur le spécialisé. C'est ridicule par rapport à ce que l'on vit après. Donc ce fut une découverte et j'ai dû récupérer beaucoup d'informations d'un coup.

Comment avez-vous vécu cette 1ère année ?
Cette première année a été vécue en deux temps. Elle a été compliquée d'abord puis plutôt joyeuse sur la fin. Le début a été compliqué car la découverte du poste n'a pas été simple et le fait d'être dans deux collèges n'a pas aidé. Ma jeunesse à ce moment m'a desservi et on m'a souvent confondu avec les élèves (ce qui est compliqué pour se faire identifier et respecter en tant que prof, surtout avec les 3e). Il fallait aussi tout construire du jour au lendemain et j'ai passé énormément de temps à travailler. La suite de l'année a été plus simple car j'ai créé une véritable relation avec les élèves. Et puis j'ai aimé le monde de la SEGPA et ses nombreux avantages. C'était vraiment enrichissant et valorisant de travailler avec eux.

Quels élèves aviez-vous ?
Des 5èmes et des 3èmes. La première approche était plutôt intimidante mais, je n’étais pas seul en classe : j'ai eu des collègues avec moi lors des premières matinées afin de m'aider et m'épauler. Ce ne sont pas de mauvais souvenirs car j'ai plutôt eu des élèves gentils et calmes. Dans l'année, il y a eu des choses un peu plus compliquées mais cela reste positif.

Quels ont été les 3 gros challenges pour vous durant cette année ?
En 1, se faire respecter par les élèves.
En 2, leur apporter quelque chose au quotidien dans le devenir élève et dans les apprentissages.
En 3, se construire en tant que prof et s'inscrire dans une équipe pédagogique ce qui est pas simple pour un PE au collège.

Vous avez du vivre des galères, mais aussi de bonnes satisfactions...
La galère ça a été de gérer des 3e qui n'ont jamais voulu entrer dans le travail. Je les avais le lundi soir 2h après le sport pour faire de l'histoire et des arts. J'ai dû redoubler d'inventivité pour les faire travailler. J’ai eu des insultes entre élèves, une bagarre, une fuite de la classe ... Bref, une vraie galère que j'appréhendais chaque semaine.
La satisfaction, c'est l'an dernier, dans ma direction : j'avais 14 élèves de 3e à orienter... J'ai passé des heures avec eux et leurs parents. Parfois jusqu'à tard afin de trouver la meilleure orientation. Etant à la campagne, le lycée le plus proche pour eux est à 20 km ... ça a été difficile et quelle fut ma joie quand j'ai vu que 13 des 14 avaient eu leur 1er vœu et que la 14ème avait eu son second vœu... Là, j'ai senti que j'étais utile et que le travail n'a pas été vain.

Vous avez réellement pris votre place ! Jusqu'à devenir directeur de la SEGPA ? Comment avez-vous fait choix ?
Oui alors j'ai pris la direction de SEGPA sans les diplômes. J'ai été nommé sur avis de l'inspectrice. Il y avait un vide et personne sur le poste. Je voulais continuer avec mes élèves et c'était l'opportunité. J'ai beaucoup aimé et je me suis engagé à passer le CAPPEI mais je n'ai pas eu la chance d'être retenu l'an dernier pour la formation.

Est-ce que vous imaginez retourner vous aussi en milieu ordinaire ?
Alors on m'avait dit : " La SEGPA soit tu aimes et tu veux y rester soit tu fais tout pour ne pas y retourner !" Je ne me vois pas retourner dans l'ordinaire par choix. Je serai surement contraint d’y retourner afin de pouvoir passer le CAPPEI et d'avoir un pied dans l'ordinaire afin de voir vraiment les besoins que peuvent rencontrer les élèves de SEGPA. Ce n'est pas une envie car l'univers des ados en difficulté me passionne.

Vous avez remercié votre famille de vous avoir poussé à rester dans l'éducation nationale malgré une 1ère rentrée difficile ?
Évidement... et mes parents sont maintenant très fiers, notamment ma mère du fait que j’ai repris la direction il y a 10 jours...

Finie l'appréhension d'être "confondu" avec un élève de 3ème ?...
J'ai laissé pousser la barbe et la moustache pour ne plus avoir cette appréhension. Et puis je suis toujours dans le même établissement, alors c'est passé. Et après, il y a aussi les habits de directeur : la veste de costard, les chaussures habillés et la chemise…

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