Portrait d’instit’ : Enseigner en multi-niveau

Soumis par Florent le 20 avril 2020
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Ressources professionnelles

Enseignant, après avoir été journaliste, mais aussi animateur BAFA : Camille est devenue professeur des écoles à la suite d’un parcours professionnel déjà riche. Ces expériences antérieures lui ont permis de vivre son entrée en classe « en relief », avec le bénéfice d’un certain recul.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre entrée dans le professorat des écoles ?
Je suis arrivé dans le métier de professeur des écoles aux alentours de 25 ans, après avoir fait 5 années dans le journalisme (pigiste, stagiaire, bénévolat dans différents bureaux de radios associatives, avec plusieurs CDD & CDI). Toute ma famille est enseignante depuis des générations. J'ai travaillé chaque été dans des colos dès mes 17 ans et je continuais quand j'étais journaliste. Donc j'avais déjà une attache personnelle dans le métier. Quand j'ai terminé ma dernière mission de journaliste, j'y faisais des "ateliers éducation aux médias" dans les écoles et j'aimais beaucoup -même plus- que parler dans un micro. J'ai contacté Pole Emploi et j'ai pu préparer le concours à l'ESPE tout en touchant un équivalent du chômage pendant mon MEEF1. J'ai fait ma 1ère année ensuite, comme PES, dans une toute petite école à 4 niveaux.

Vous débutez alors avec une classe multi-niveau…
Les 1ers mois, j'ai eu énormément de mal à travailler avec 4 niveaux qui génèrent tout de même 4 fois plus de travail ! Cette charge était alourdie par la préparation récurrente de fiches de préparation à faire pour les visites. J’ai aussi regretté l'absence d'aide ou d’accompagnement. Heureusement, j'ai eu la chance que de nombreux membres de ma famille et de proches (qui étaient aussi enseignants) m'aient aidé à construire ma programmation et mes séquences…

Pourtant, depuis, vous appréciez particulièrement l’enseignement en classes dédoublées…
Oui, car c’est là que j'ai pu faire des projets médias et retrouver les idées d’autonomie développées dans les colos où j'avais travaillé. Le directeur avec qui je travaillais est quelqu'un de très engagé dans l'autonomie et du vivre ensemble. Il m'a fait découvrir plein d'auteurs, à travers la Hulotte par exemple ! Et dès mon année de PES, je me suis vite retrouvé dans des fonctionnements incluant plans de travail et travail de groupe…

Votre travail a d’ailleurs été remarqué par la hiérarchie. Comment cela s’est-il passé ?
Mon travail de T1 a plutôt bien plu à mon IEN -stagiaire-. Il m'a proposé de revenir avec une inspectrice de l'IGEN pour échanger avec elle sur mon travail en multi-niveau.... Une très mauvaise expérience, mais c'est autre chose !

Après plusieurs années en double-niveau, vous voici face à un cours simple…
Oui, et il me manque pourtant un petit "truc" : même en organisant ma classe autour du travail en autonomie, de groupe et de plans de travail, je sens que c'est moins légitime de segmenter. Dans une classe à niveau unique, les élèves entendent moins les encouragements au travail sans l'aide de l'adulte… C'est d'ailleurs ce qu'expliquaient des collègues de CP à 12 : ils voyaient beaucoup d'élèves dans ces classes attendre l'enseignant pour se mettre à travailler et avaient plus de mal que les autres à faire un travail seul…

Le fait d'avoir encadré des colonies a du bien vous aider ?
Oui, à la manière d’une formation "personnelle officieuse". A aucun moment, avec la masterisation et le master MEEF, nous n'avons eu la possibilité de travailler sur la gestion d'un groupe classe, sur les interactions entre les enfants, entre les enfants Et UN adulte, sur les rouages de ce qu'est l'autorité - et sa nuance avec l'autoritarisme - sur l'importance de marquer une distance entre sa personne "en tant que telle" et sa personne "qui est enseignante", afin de ne pas prendre à cœur les situations qui peuvent nous dépasser dans une classe - sentimentalement parlant-.

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