Portrait d’instit’ : Corinne, regard depuis une reconversion professionnelle

Soumis par Florent le 20 août 2019
CP
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Ressources professionnelles

Employée de mairie pendant 18 ans, Corinne a vécu une vie professionnelle significative avant de rejoindre l’enseignement : animatrice, directrice de maison de quartier, conseillère info jeunesse et emploi puis assistante de direction. C’est donc avec un certain recul qu’elle nous raconte sa reconversion…

Comment avez-vous eu le déclic de passer le concours d'enseignant ?

Plus jeune, je pensais à cette option professionnelle et j'ai eu des enfants tôt alors ... Il y a 4 ans, j'ai choisi de me lancer et de passer le concours en candidat libre. Le changement de Maire a été décisif pour moi car cela a profondément changé mes missions. 

 

Après maintenant plusieurs années d'activité, quel regard portez-vous sur votre choix ? Le métier correspond-il à vos attentes initiales ?

Je ne regrette pas cette reconversion car j'adore enseigner, mais je pense que je ne le conseillerais pas car c'est beaucoup d'investissement, de travail personnel pour une paie qui ne correspond finalement pas à ce que l'on imagine. Les vacances servent aux préparations et à l'autoformation. Cela dit, c'est aussi un choix personnel : je pense que j'ai beaucoup à apprendre donc je participe à des formations via internet, à des conférences, et à 2 groupes de travail (l'un sur "le climat scolaire" et l'autre sur "apprendre à être citoyen de demain"). 

 

Les "reconvertis" ont souvent l'avantage d'apporter en eux une expérience et un regard autre. Pensez-vous que c'est votre cas ?

Effectivement, je pense apporter autre chose à mes élèves. Beaucoup d'enseignants ne sont jamais sortis de l’école. Du coup, je trouve cela compliqué de préparer des élèves à une vie pro dont on ne connait rien. De plus, cela permet aussi de mieux comprendre les familles, d’être plus compréhensif sur les oublis... Beaucoup d’enseignants ne supportent pas les oublis de signature dans les cahiers de liaison : je leur dis que les parents qui bossent dans les assurances ne comprennent pas que l'on ne renégocie pas notre contrat tous les ans. Chacun a son métier et ses priorités, il faut être compréhensif. L'école est importante, mais il n'y a pas que cela dans la vie de nos élèves. J'aime bien, en début d'année, faire produire à mes élèves une carte mentale qui représente leur vie. Ils sont souvent surpris de voir tout ce qu'ils ont en dehors de l'école. C’est important pour ceux qui sont en échec scolaire de valoriser leurs succès, même en dehors de l'école. 

 

Le fait d'être maman doit également vous aider à mieux comprendre vos élèves ?

Le fait d’être maman m'aide surtout à mieux comprendre les familles, à être plus indulgente. Chaque enfant, donc chaque élève, est différent. Cela me permet aussi de prendre du recul car mes enfants ne sont pas tous "scolaires" et pourtant j'enseigne et je suis leur scolarité. Il ne faut pas se fier à l'élève pour juger une famille : on doit être accompagnant et pas juge, garder un esprit objectif et bienveillant avec tous. 

 

Comment avez-vous débuté dans le métier ?

J’ai été d’abord stagiaire en binôme avec un T1, dans une école proche de chez moi. Ensuite, j’ai complété des stagiaires et endossé 2 mi-temps chez des PS et MS en école isolée sur 2 communes différentes. L’année suivante, j’ai repris 2 mi-temps (CM1 et CM2) à 20 minutes de chez moi pour compléter des stagiaires. Cela résume bien comment les débutants sont considérés dans le métier. Je ne suis pas en mesure d'aider suffisamment les stagiaires et je change tout le temps d'école. De plus, les deux mi-temps effectifs apportent énormément de travail (doubles livrets, double charge administrative, double rencontre avec les parents...) 

 

Comment se passe cette année avec vos CM1-CM2 ?

Ma classe du lundi mardi est un CM2 relativement performant et curieux alors que celle des jeudis et vendredis est un CM1 plutôt difficile. Nous ne sommes pas en REP, ni en école isolée et pourtant je trouve ce public plus difficile que celui que j'ai pu rencontrer l'année dernière. Mes collègues, plus expérimentés que moi, pensent la même chose. Nous sommes avec des élèves en grande difficulté et des effectifs de 29 : c'est compliqué ! Je fais énormément de différenciation, ce qui me prend beaucoup de temps et d'énergie. 

Pour bien enseigner, il faut bien préparer et personnaliser... mais je vise la réussite pour tous mes élèves. 

 

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