Le 31 mai dernier, les syndicats étaient attendus au comité social d’administration du ministère de l’Éducation nationale afin d’examiner les textes portant sur le pacte enseignant. Tous ont quitté la table.
Si le « pacte enseignant » (voir nos articles à ce sujet, ici et ici) prévu par le ministre de l’Éducation nationale avait pour objectif de proposer des missions supplémentaires aux professeurs afin de leur accorder des primes plus intéressantes, il est loin de faire l’unanimité auprès des principaux concernés. La logique du « travailler plus pour gagner plus » ne plaît pas aux syndicats enseignants, ni aux syndicats des directeurs d’établissement.
Une opposition au projet réitérée par l’intersyndicale
Dans un communiqué de presse, le ministère dit regretter « cette décision qui ralentit la mise en œuvre de ces avancées et rappelle que plus de cent heures de concertation ont eu lieu avec les organisations syndicales depuis l’automne ». En effet, les syndicats étaient présents à ces réunions dans un premier temps, mais ont également quitté la table rapidement (voir notre article à ce sujet). Jugeant ces mesures trop éloignées de la réalité du quotidien des enseignants ou insuffisantes, ils ont, à plusieurs reprises, rappelé leur désaccord avec le « pacte enseignant ». Ce dernier, « loin de contribuer à la revalorisation attendue par toutes et tous, va conduire à un alourdissement de la charge de travail des personnels alors que la majorité est déjà en état d’épuisement avancé », selon l’intersyndicale.
Les organisations syndicales « revendiquent de véritables augmentations salariales en particulier par l’augmentation du point d’indice pour tous les personnels dans ce contexte de forte inflation » et « réclament dans l’immédiat le basculement de l’enveloppe dans celle prévue pour le socle ».
À noter que le 23 mai dernier, le Snes-FSU a publié sur son site les « 10 raisons de ne pas signer le pacte », notamment parce qu’il « fait des volontaires des exécutants », « brise les collectifs » et « organise la baisse des moyens » selon lui.
Quid des directeurs d’établissement ?
Les deux syndicats SNPDEN-Unsa (Syndicat national des personnels de direction de l'Éducation nationale - Union nationale des syndicats autonomes) et ID-FO (Indépendance et Direction-Force Ouvrière) ont montré, eux aussi, leur désaccord avec les modalités de mise en œuvre du pacte enseignant.
Le SNPDEN-Unsa dénonce « l’habitude désastreuse de mettre la pression sur les acteurs de terrain, sans tenir compte du contexte général et du climat social très dégradé » et réaffirme qu’il ne soutient pas le pacte enseignant.
De son côté, ID-FO critique l’absence officielle de texte et la possibilité que le pacte soit « pris en compte dans l’évaluation des personnels de direction » comme l’affirment certains recteurs. Le syndicat ajoute que « vouloir pallier les absences des professeurs est une bonne idée en soi » mais « on ne peut pas laisser entendre que le pacte répondra au problème des absences d’enseignants quand il est aisé de constater que rien n’est dit des absences de longue durée, parfois prévisibles ».
Si le ministère souhaite mettre en place « une indemnité spécifique de 1 000 € par personnel de direction, pour 2023 », elle ne « vaut pas soutien au pacte et ne nous rendra pas complices et responsables des manquements et absences de volontaires » rappelle le SNDPEN-Unsa.
Alors que les discussions entre le ministère et les syndicats sont toujours tendues, le « CSA se réunira de nouveau le 13 juin pour sécuriser la mise en œuvre des dispositions dès l’année scolaire 2023-2024 », indique le gouvernement. D’ici là, rien ne laisse penser que la colère des syndicats sera retombée, notamment dans un contexte de lutte contre la réforme des retraites.